Musique

La vihuela de mano

Le Conservatoire vient d'acquérir une "vihuela de mano", instrument commandé au luthier François Bonnet.
Focus sur cet instrument.

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En quoi est fabriqué cet instrument?

  • Fond en érable ondé avec une bande de palissandre
  • Eclisses en noyer légèrement teintée
  • Manche en acajou d’Afrique avec des placages sur la tête en palissandre
  • Table d’harmonie en épicéa du Jura
  • Filets de bord de table, pointes et touche en palissandre
  • Chevalet en érable avec un placage de palissandre

Instrument fabriqué en 2022 sur la base d’un modèle anonyme datant de la fin du 16ème siècle et retrouvé en Espagne
 

Qui l'a fabriqué?

C'est le luthier François Bonnet qui est basé  à Tours (France) :

"La rareté des instruments qui nous sont restés laisse peu de choix ; c’est pourquoi j’ai choisi de conserver la largeur importante qui permettra d’obtenir de belles basses, tout en modifiant légèrement la courbe des éclisses à des fins esthétiques.
La forme de la tête est inchangée, celle du talon est légèrement épaissie pour plus de rigidité.
La table d’harmonie de la vihuela originale ne comporte que deux barres, la table d’harmonie est donc assez épaisse. N’adhérant pas à la théorie qui dit que toutes les vihuelas étaient faites de cette manière, j’ai préféré faire une table à une épaisseur constante de 1,7 mm et barrer d’avantage la table tout en essayant de reproduire la sonorité du fac-similé réalisé pour le musée."

Pour consulter le site du luthier, cliquer ici. 

 

Un peu d'histoire...

"L’aura mystérieuse de la vihuela de mano tient à la rareté du nombre d’instruments connus : jusque dans les années 1970, on ne connaissait qu’un seul instrument pouvant être considéré comme une vihuela, conservé au musée Jacquemart-André, à Paris.
La pratique de la vihulea de mano en Espagne au XVIème siècle a laissé un répertoire musical d’une importance sans précédent et son impact culturel se ressent dans les sources littéraires et iconographiques. Malgré cette importance évidente, les exemplaires subsistants se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une main et sont tous de tailles et d’accords différents. Parmi ceux-ci, l’instrument que possède le Royal College of Music de Londres, fabriqué par Belchior Dias, présente un certain nombre d’analogies évidentes avec la vihuela du Musée de la musique.
La famille des vihuela de mano, en usage dans la péninsule ibérique, en Amérique latine et en Italie pendant les XVIème et XVIIème siècles comportait plusieurs tailles d’instruments.
Jouée à l’archet, au plectre ou à la main, elle apparaît dans les textes et l’iconographie dès le XIIe siècle. Elle porte le nom de viola, vièle ou vihuela. En Espagne, on trouve le mot vihuela sans qualificatif ou accompagné d’une spécification de mano, de arco, de péndola ou pénola."

Source https://collectionsdumusee.philharmoniedeparis.fr/0159084-vihuela-de-mano.aspx

 

Le mot du prof

"Ce modèle a été réalisé dans des dimensions particulières qui puissent convenir à la fois aux adultes pratiquant déjà les instruments anciens à manche et à cordes pincées, ainsi qu'aux jeunes enfants souhaitant s'initier à cette pratique.

Cet instrument est ce qu'on appelle une "copie d'époque" réalisée à partir des iconographies dont on dispose aujourd'hui et datant principalement de la fin du XVème siècle (gravure, vitraux, dessins, sculptures, peintures).
La vihuela de mano, qui se distingue de vihuela de arco (viole à archet), est un instrument polyphonique de la Renaissance crée par les violeros (luthiers) de Grenade et qui fut l'instrument privilégié par la Cour de l'Empereur Charles QUINT (lui même vihueliste) principalement dans les royaumes d'Espagne d'Italie et du Portugal, ainsi que dans les colonies de Nouvelle-Espagne (Mexique), durant plus d'un siècle avant d'être remplacée progressivement par la guitare Baroque.
La vihuela de mano qui signifie en ancien espagnol "petite lyre " (en référence à la Lyre d'Orphée) est aujourd’hui considérée, de par son utilisation technique complexe et son répertoire polyphonique, comme l'ancêtre le plus lointain de la guitare classique moderne."

Jonathan Lemarquand - Professeur de guitare au Conservatoire de Grand Poitiers